Une autre « Perses » d’Eschyle - Le Grand Café
Une autre « Perses » d’Eschyle - Le Grand Café

Sculpture en noyer et installation : papier peint, livres, affiches, dessin, Sculpture&nbsp:&nbsp214,8 x 214,8 x 130 cm, Installation&nbsp:&nbspdimensions variables
Production Le Grand Café – centre d’art contemporain, Saint-Nazaire

Comité consultatif
François Burgat (politologue), Bertrand Badie (spécialiste en relations internatinales), Nawar Bulbul (comédien et metteur en scène) et Vanessa Gueno (historienne), Nisrine Al Zahre, (linguiste)

Remerciements
Jean-Pierre Filiu (historien), Alain Gresh (journaliste au Monde Diplomatique), Manon-Nour Tannous (spécialiste en relations internationales), Catherine Withol De Wenden (politologue), Atelier Blam (ingénierie design, art, architecture), Andreas Campagno (architecte), Ewen d’Aviau (acousticien)

Pour l’exposition Les Choses qui vibrent, l’artiste Marcos Avila Forero a conçu un objet double et paradoxal : un monumental porte-voix qui est aussi une embarcation, activable et mobile, potentiellement déplaçable dans l’espace public et maritime. Réalisé en bois de noyer, Une autre «&nbspPerses&nbsp» d’Eschyle relève à la fois de l’objet de lutte, porteur de revendications sociales, de l’objet flottant, véhicule de la fuite sur les mers et de la sculpture. Par son essence, il renvoie à la longue tradition artisanale de la lutherie syrienne, et dans sa structure, il rappelle autant le coffrage d’une guitare que la membrure d’un navire. Avec cette sculpture fonctionnelle, Marcos Avila Forero conçoit un symbole appropriable, un filtre amplificateur que venaient activer des acteurs du conflit syrien avec la complicité d’un comité éditorial composé de chercheurs, politologues, historiens, linguistes etc. Leur parole portait des textes en lien avec le conflit syrien, qui étaient spatialisés sur les murs de l’espace d’exposition, transformé en agora. Ainsi, Marcos Avila Forero propose une relecture des Perses d’Eschyle comme un outil d’investigation du contemporain. Les Perses demeure à ce jour non seulement la première pièce théâtrale dont nous conservons la trace écrite, mais surtout une des seules tragédie grecque qui s’attaqua à l’actualité politique, reflétant la guerre qui fit rage entre les Grecs et les Perses. S’inspirant de ce texte antique qui se déroule sur les mers, Marcos Avila Forero le confronte à une tragédie contemporaine et imbrique récits et temporalités pour mettre en valeur la parole vive des syriens, la plus à même de transmettre l’expérience dans l’espace (exil) et le temps (mémoire). Au même titre, que Les Perses est écrit du point de vue des Perses, Marcos Avila Forero tente de contrebalancer un discours univoque en laissant la parole aux syriens à travers des témoignages, des chansons de rap ou interventions au sein du comité. En permanente reconfiguration, le mur apportait différents éclairages et horizons autour d’un conflit ultra internationalisé encore très marqué par le partage territorial de l’Empire Ottoman de 1920.
L’installation semble marquée par l’esprit du dramaturge brésilien Augusto Boal : le créateur du Théâtre de l’Opprimé a toujours prôné la contestation dans et par le doute. Il déclara : «&nbspSi tu donnes la certitude avant le doute, tu ne réponds à aucune nécessité. Le théâtre politique d’avant était univoque, il donnait les bonnes réponses. Ce que nous essayons de faire aujourd’hui, c’est de poser les bonnes questions, la meilleure d’entre elles étant à mon sens : quelle question voulez-vous vous poser ?&nbsp»
Dans une même approche artistique expérimentale, Marcos Avila Forero part à la recherche d’une forme collective, engageant l’être humain et sa prise de responsabilité.

Dans le cadre de l’exposition Les choses qui vibrent, l’artiste Marcos Avila Forero invite l’acteur et metteur en scène Nawar Bulbul à intégrer le comité éditorial de l’œuvre Une autre «&nbspPerses&nbsp» d’Eschyle.
Sous forme de lecture performée, Nawar Bulbul a interprété au porte-voix Le Miroir de Damas de Jean-Pierre Filiu, associé à trois scènes inédites de sa dernière création, Mawlana, un pamphlet théâtral en cours d’élaboration dirigé contre les régimes dictatoriaux manipulant pouvoir politique, pouvoir religieux et pouvoir social.
Aujourd’hui, ce texte retravaillé à la lueur de l’actualité brûlante du Proche-Orient, où les radicalismes de toute forme se développent, propose une lecture de la fabrique de la radicalisation des individus et des sociétés.
Finalement ces rencontres et échanges avec le comité consultatif sont devenues le centre névralgique de ce projet de recherche pensé en trois chapitres dont la conclusion sera la mise à l’eau du porte-voix. Les recherches se poursuivent encore aujourd’hui et Saint-Nazaire figure comme le volet inaugural de cette œuvre en devenir.