Glooscap

Glooscap est le nom d’une ville imaginée par Alain Bublex à partir d’un site réel, celui de Passsamaquody Bay, situé au Canada. Il en est ainsi « l’inventeur », comme l’on dit d’un archéologue qui trouve un trésor, qu’il est l’inventeur de la découverte.
Glosscap n’existe pas. Pourtant Glosscap a tout d’une ville réelle. Glooscap n’a jamais existé, pourtant Glosscap a une histoire, emblématique des villes modernes du nord de l’Amérique.
Devant les archives de la ville produites par l’artiste, on a du mal à déceler le faux du vrai, surtout lorsque des photographies nous font accroire à l’existence d’une voiture de fonction, affublée du logo de la ville et celle de son « Département des levés et de la cartographie ».

Et pourtant Glooscap est une rêverie. Une fiction, un mimétisme presque parfait d’un réel possible. Elle n’est pas une ville utopique, qui serait l’expression d’un désir de transcender le modèle des villes issues du modernisme comme l’est Saint-Nazaire (plans carrés, fonctionnalisme des bâtiments et lieux de vie…) et donc de « corriger » l’histoire. Bien au contraire, cette histoire de Glooscap, c’est-à-dire la durée historique qui va de l’origine de la ville à nos jours, constitue le sujet même de l’artiste. Ce que Glooscap cherche à imiter, c’est le Temps.
Volontairement donc, Glooscap ne propose aucune relecture directe de l’histoire, du développement des villes modernes, de leur architecture, de leurs choix urbanistiques. Elle cherche plutôt à prendre le visage commun, à disparaître dans le « presque réel », c’est-à-dire le vraisemblable. Mais, à la manière de la ville de Borges, elle ressemble tellement au monde, qu’elle en devient Le Monde.